Des ordres de plus en plus contradictoires émanent aujourd'hui du Kremlin. Alors que le commandant des forces russes a annoncé son intention de déloger définitivement les rebelles tchétchènes de la capitale Grozny, les négociations menées par le général Lebed auraient continué en sous-main. La situation en Tchétchénie s'enlise depuis une semaine dans une succession invraisemblable de revirements politiques. L'ultimatum russe, intimant à la population de Grozny de quitter la ville sous 48 heures, avant un assaut massif contre les rebelles tchétchènes, vient d'être contredit par le remplacement du chef du commandement russe. Prise entre ces versions contraires, une partie de la population a préféré partir, l'assaut russe, annoncé ce matin, promettant d'employer tous les moyens nécessaires pour reprendre le contrôle de Grozny.
Un dénouement pacifique du conflit était encore évoqué, il y a quelques jours. Alexandre Lebed, chef du conseil de sécurité russe, avait été mandaté par Boris Eltsine pour trouver une solution médiane entre les deux parties. Les négociations avaient alors conduit le général Lebed à demander au chef du Kremlin la démission du ministre de l'intérieur russe Anatoli Koulikov. Sa requête avait été refusée et Koulikov avait été maintenu à sa place. L'Etat russe semblait donc avoir opté pour un durcissement du conflit. Selon les dernières informations, Lebed devrait pourtant retourner dès demain en Tchétchénie pour reprendre le dialogue.
Deux politiques sans rapport sont donc menées de front. Il semble impossible de pouvoir prévoir laquelle des deux finira par l'emporter : poursuite des tractations ou aggravation irréversible des combats. Une rumeur alarmiste sur la santé de Boris Eltsine achève de plonger cette situation dans la confusion la plus totale. Malgré un démenti officiel, le président russe serait hospitalisé depuis le 15 août, pour un problème cardiaque. Les luttes intestines, qui déchirent les factions au pouvoir, n'ont pas fini de régner sur le Kremlin. Le sort de la Tchétchénie reste, quant à lui, soumis à la victoire de l'un ou l'autre camp.